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Henri SALVADOR
(Chanteur - Compositeur - Fantaisiste - Guitariste - Artiste Polyvalent - Comédien - Danseur - Sportif)

Ce site ne suffirait pas pour relater la vie artistique de Henri SALVADOR. Tout compte fait, je décide de vous la présenter en images.
Le 28 décembre 1964, monsieur Robert COHEN de l'agence AGIP (reportages photographiques) lance un message à l'attention de la rédaction de la page des programmes de télévision.
Jeudi 31 décembre à 21 heures, la télévision présentera le " Show SALVADOR ", une émission de variétés, au cours de laquelle, pour notre plus grand plaisir, Henri SALVADOR incarnera une quarantaine de personnages farfelus dont une squaw d'une tribu indienne. Voyer Henri SALVADOR, tel qu'il apparaîtra en squaw. Ces deux photos accompagnaient le message.

Dans le numéro 11.989 de France SOIR MAGAZINE en date du 06 novembre 1982 figure toute la vie de ce grand artiste dont voici l'article et les photos.


Blanche Epiphanie
Zorro est arrive sans se presser
Diva Juanita Banana
Deguise en chien pour l'emission Pirouettes
Ce soldat de l'armee des indes a le mal du pays
la tele c'est formidable: toutes les places sont au meme prix
Le rire et la musique, ca va ensemble
La geisha cette Mme Butterfly
SALVADOR EST ARRIVE (SANS SE PRESSER)
Il remonte sur scène pour la première fois depuis vingt-deux ans avec un programme tout simple et génial :
" Que les gens se marrent "

Il avait pourtant juré qu'on ne l'y prendrait plus. Il se disait heureux, comblé puisqu'il se consacrait davantage au farniente et à la pétanque qu'a la chanson… Bref, depuis vingt-deux ans Henri SALVADOR se la " coulait douce " (c'est une expression à lui), sans remords, le cœur dans les étoiles.

Seulement, voilà, depuis vingt-deux ans il entendait des voix qui lui répétaient : " alors, quand est-ce que vous allez revenir ? Quand vous reverra-ton sur une scène ? " Il les aurait bien laissé s'épuiser ces voix si l'une d'entre elles n'avait pas fait basculer ses dernières réserves.
C'est Sabine qui la persuade de se lancer dans l'aventure " Je vis avec Sabine depuis deux ans et demi, et elle n'arrête pas de me dire quelle ne ma jamais vue sur scène ! Au bout d'un moment j'ai cédé : " O. K. ! On va y aller ! " Et au bout du compte, c'est plutôt chouette. "

Le voilà donc qui travail d'arrache-pied depuis plusieurs mois, battant le rappel des auteurs (quatre nouvelle chansons sont signées Jean DREJAC, une Jean-Loup DABADIE ainsi qu'un sketch, une moustache, une robert Niel…) retrouvant le plaisir des orchestres de jazz (quinze musiciens parmi les-quelles Maurice VANDER, Eddy LOUISS, André CECCARELLI…), prêt à affronter les quatre mille spectateurs qui chaque soir vont faire face pendant soixante représentations (il jure qu'il n'ira pas plus loin et qu'il ne fera pas de tournée, même s'il obtient un de ces succès délirants dont il a le secret !)
" Pantin ça me donne du sang neuf, dit-il en riant de ses soixante cinq ans. Je reviens pour le plaisir de certains, mais aussi pour être découvert par tous les autres. Au fond très peu de gens savent de quoi je suis capable ! Mais je sens une belle excitation dans l'air à mon sujet. Je vais essayer de ne pas décevoir et présenter un show drôle, sans message… Il faut que les gens se marrent, c'est tout.

Il y a vingt deux ans qu'il n'est plus monté sur une scène, mais Henri SALVADOR ne s'est jamais laissé oublier pour autant. Ne serait-ce que par le biais de la télévision. Ce " titi de cou leur " venu de Cayenne a toujours su rester dans le cœur du public. Ca le fait rire lorsqu'il y pense et lorsqu'il se revoit arrivant à Paris avec sa famille, à l'age de sept ans.
Il est ne le 14 Juillet 1917 a Cayenne (deja la fete)
Le blanc de sa premiere
Nous avons quitté la Guyane parce que mon père voulait que ses enfants soient docteurs ou avocats. C'est une manie des antillais, ça… Mon père était percepteur et ma mère était ma mère. Elle avait une voix très douce, elle était très belle : c'était une pure indienne caraïbe (il fredonne) : " une chanson douce que me chantait ma maman… " C'est en larme qu'Henri SALVADOR fit son entrée gare Saint-Lazare.

Mon père gagnait beaucoup d'argent pour l'époque… 5.000 francs-or, je crois, pour faire le percepteur là-bas. Il avait deux villas une voiture, des serviteurs (des anciens bagnards !)… Aux Antilles, le luxe c'était de s'habiller à la Samaritaine, et mon père recevait les catalogues. Les modèles étaient présentés devant des toiles sur lesquelles étaient dessinés à gros traits des monuments. Et moi, dans ma tête, je voyais Paris comme une ville toute blanche. Alors en la découvrant toute grise, je me suis effondré. Mes parents voulaient que nous allions au lycée mais malheureusement, moi, je suis allé directement à l'école buissonnière. Là, j'étais le premier ! J'ai fait l'étude des rues de Paris, de ses quartiers… Les deux premières semaines, dans mon école prés des arénes de Lutèce, j'étais très bon élève mais après… Je m'étais lié d'amitié avec le voyou de la classe qui me fascinait en parlant argot, et je le suivais en balade dans Paris. C'est comme cela que je me suis amouraché de Paris gris. J'étais émerveillé. Tu penses, un p'tit gars comme moi !


Aussi quand Malraux a fait lessiver les monuments, j'ai été drôlement triste. Et déçu ! Je retrouvais mon rêve d'enfant, mais en même temps ça détruisait ce Paris gris que j'avais appris à aimer.
la bande de Maubert a saint germain-des-pres au piano le grand Errol Garner Inutile donc de s'étendre sur les études de l'élève SALVADOR qui s'en tira sans gloire avec un certificat d'études donné à la condition extrême qu'il quitte l'école.

C'est curieusement un cousin pharmacien qui provoquera la première rencontre entre Henri SALVADOR et la musique. Il a onze ans et, en écoutant un disque de Duke ALLINGTON, il tombe en pâmoison. " C'est ça que je veux faire " déclare-t-il aussitôt à son père. " Il a été chouette : il ne s'y est pas opposé.
Accidentellement, j'ai d'abord joué de la batterie, pour remplacer un copain. Il ma mis les balais dans les mains, il m'a expliqué : " Un fox, c'est ça ; une valse, c'est ça, un tango, c'est ça "… et je suis allé dans ce restaurant chinois de la rue de l'Ecole -de-Médecine où j'ai enfilé une veste en soie rouge sans hésiter.
Mais comme j'ai joué - forcément ! - un coup trop vite, un coup trop lent, au bout d'une demi-heure on m'a donné quarante balles pour si peu de temps ! Je me suis dit que décidément ce métier me plaisait beaucoup ! Mais la batterie, c'était trop volumineux ; la trompette, ça faisait mal aux lèvres ; la clarinette, ça chatouillait… Heureusement j'ai entendu un jour DJANGO qui jouait de la guitare et je suis tombé amoureux de cet instrument qui ressemblait à un corps de femme et qui avait un son si doux. Du coup, j'en ai joué dix-huit heures par jour ! "

Après DJANGO, c'est Eddy SOUTH, le grand violoniste de jazz américain qui apprend le professionnalisme à Henri SALVADOR. " Mais pour m'amuser, je faisais rire les gens entre deux morceaux. Ça marchait bien. Je ne le faisais que lorsque j'étais en forme. Alors les gens se sont mis à m'offrir ce que j'adore - du chocolat - pour me mettre en forme et que je fasse mes sketches chaque soir ! C'est comme ça que j'ai commencé le métier de fantaisiste. En improvisant. Après, on m'a appris qu'il fallait travailler mes effets, les écrire… Nous jouions au Ritz devant tout le " gratin ", le duc de Windsor, les " aristos "… "
Faites vos jeux
En 1937, Henri SALVADOR devient soldat, période de ses souvenirs sur laquelle il préfère passer assez vite : il n'a pas aimé - mais alors pas du tout - jouer " Henri troufion ". D'autant que la guerre est arrivée peu après. " De Biarritz je me suis sauvé par l'Espagne, je suis arrivé en zone libre à Marseille d'où je suis allé à Nice.
Son Copain D'abord C'est là que j'ai rencontré Bernard HILDA qui ma engagé dans son orchestre. Je faisais rire les gens, il aimait ça. Un soir nous jouions à Cannes, au relais, lorsque Ray VENTURA - qui était la super-star de l'avant guerre - est venu nous voir. Il m'a proposé de partir avec lui en Amérique du Sud. Ce n'était plus le grand orchestre des premières années, mais il y avait toujours de bons musiciens et Coco ASLAN, Paul MIZRAKI… Moi, je remplaçais Jimmy GAILLARD comme guitariste-fantaisiste. Je me souviendrai toujours de notre premier gala à Nice. J'ai fait un triomphe ! J'étais étonné parce que le music-hall ça me semblait tout à coup si facile. Au cabaret il faut d'abord parvenir à faire taire les gens. "
Peu après, la joyeuse troupe gagne Cadix pour embarquer à destination de l'Amérique du Sud. Et ce n'est que le début d'une longue série d'aventures digne des meilleures bandes dessinées surréalistes.
" Nous avions acheté nos vingt-cinq billets à Marseille, mais lorsqu'il les a vus, le commandant du bateau les a refusés : " Ils ne sont pas bon, c'est ici qu'il fallait les acheter… " Nous n'avions plus un sou pour de nouveaux billets. Il ne nous restait plus qu'à rentrer en France, ce qui ne nous réjouissait guère.
Mais il y avait avec nous, jouant le rôle d'un musicien de l'orchestre, un fils de banquier juif dont nous couvrions le départ. Il s'est proposé pour nous payer nos billets… Ce que nous avons tous accepté de bon cœur. On arrive à Rio, le directeur du casino nous reçoit, nous fait assister au spectacle… Fabuleux ! Ahurissant ! Quatre orchestres sublimes, deux cents girls divines, les Kangooroo Dancers (les danseurs noirs de " Hellzapoppin "). Et il nous dit : " A vous, maintenant ! ". Arrive le soir de la première. VENTURA était souffrant, on y va quand même. Un, deux, trois morceaux… Le silence. Le bide ! Nous étions effondrés. Alors VENTURA annonce : " Je vous ai réservé une surprise : Henri SALVADOR ! " Je prends ma guitare et je me lance : j'imite " Popeye the sailor man ". Un triomphe ! La salle est debout. A partir de là, nous pouvons faire ce que nous voulons, tout marche. Plusieurs choses ont joué en notre faveur : j'ai le genre brésilien, et Popeye, ils connaissaient ! "
Ils n'en seront pas plus riches pour autant, car Ray VENTURA, pour arrondir leur pactole, va se mettre à le jouer régulièrement ! Sans leur demander leur avis !
" Je volais des boites de Coca Cola pour les revendre pour me payer un sandwich ! Dire qu'on a fait toute l'Amérique du Sud comme ça ! "
Le rire de Piaf
Brésil, Uruguay, Argentine, Chili… re-Brésil. Au retour, des brésiliens m'ont proposé un contrat avec des zéros en pagaille pour que je quitte Ventura et que je reste chez eux. Il voulaient faire de moi une star.
A l'aise dans ses tennis Je signe, je prend un mois de vacances sur leur conseil pour mieux préparer mon spectacle et ils me rappellent pour ajouter, disent-ils un timbre légal sur mon contrat. Lorsqu'ils me le rendent, je ne vois plus les zéros sur mon contrat, mais il est toujours signe de ma main ! J'ai travaillé à l'œil pendant des semaines alors que je bourrais la salle ! Je me suis juré de ne plus retourner au brésil et j'ai tenu parole. Ils m'ont proposé des sommes folles, mais non.

C'est Ray VENTURA qui lui enverra son billet pour regagner - enfin - la France. Mais après quelques mois de tournées en commun, Henri SALVADOR se dit qu'après tout il pourrait bien essayer de tenter sa chance tout seul. Alors, il monte un orchestre et se produit chez carrére, rue Pierre-Charron.

" Le tout-Paris se pressait. Jean-Louis Barrault et sa femme, Rostand et sa mère, Sacha Guitry… C'est là que j'ai appris à travailler pour des gens de goût. Dans la classe.
Il s'impose ensuite à Bobino en première partie d'un artiste qui, dévoré par le succès que remporta SALVADOR, ne réapparaîtra plus jamais. Et, finalement, le voilà vedette à l'ABC. Un ans après, il sort son premier disque : " Clopin Clopant " et " Maladie d'amour "… deux titres éternelles.
" Les Américains qui ne savent pas ce que c'est qu'une maladie en ont fait " Mélodie d'amour "… La chanson est restée quarante-deux semaines dans les hit-parades américains ! Ça, c'était une belle traduction ! "
Pense-t-il à celle faite pour Yves Montand de " Syracuse " (devenu " Durango ") ? " Je suis très triste et très déçu avoue-t-il. C'est avec Montand pourtant qu'en 1948 il avait créé à l'Alhambra " Le chevalier Bayard " (avec Ludmilla Tchérina). " C'était lui le chevalier et moi j'étais un mec rigolo. Je lui piquais tous ses effets parce que le public aime rire. Il n'était pourtant pas mal… "
Entre 1949 et 1950 tout va basculer dans la vie d'Henri SALVADOR. Il obtient une certaine forme de consécration avec deux prix du disque (" Parce que ça me donne du courage " et " Le portrait de tante Caroline ") et il partage la scène de l'ABC avec Mistinguett.
" A la vérité j'ai joué avec elle mais je ne l'ai jamais côtoyée. Je me tapais tout le boulot et les gens hurlaient de rire, c'était ça le principal. ".

Pour plus d'information visiter le site internet officiel d'HENRI SALVADOR



Henri SALVADOR est decede le 13 Fevrier 2008 a Paris des suites d'une rupture d'anevrisme. il repose au cimetiere du pere Lachaisse a Paris. Le President de la republique, Nicolas SARKOZY et le prince Albert de Monaco ont suivies ses obseques ainsi que de nombreux artistes.
(Aude BAGOE)