Gaston LINDOR Flutte - Saxo Alto Professeur de Musiques
Père : Albert LINDOR, mère : Armande TOUSSAINT
Né le 7 novembre 1929 à Cayenne, j'ai fréquenté jusqu'à l'âge de 9 ans l'école des sœurs (Ecole Michotte), après quoi je suis allé user mes pantalons sur les bancs du collège et du lycée Félix Eboué. Ce fut une période où j'aimais projeter des films avec mon copain Bellemar VITELIS et pendant laquelle j'ai brûlé des paires de draps que 'j'empruntais" à ma mère.
Ma toute première rencontre avec la France s'effectua avec les "Eclaireurs de France" à l'occasion du Jamboré. Dès mon retour, Maurice RIBAL me fit cadeau d'une flutte avec laquelle je commençais à m'entraîner.
J'apprenais les notes avec Hugues SERIN qui me les montrait sur son saxo. A partir de là, je décide de m'acheter une méthode et d'étudier le solfège tout en continuant à m'exercer seul sur mon instrument.
C'est en 1946 que je m'engage dans l'armée, date à laquelle je quitte hélas Cayenne par voie maritime. Le bateau qui nous transportait "Le Colombie" nous débarqua à Fort-de-France en 1948.
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Puis en février 1949, je quitte Marseille et je suis dirigé vers Saint Raphaël au Camp Robert, pour rejoindre l'Extrême Orient à bord du " Duc Doumale " qui nous débarque à Saigon. Je suis alors nommé brigadier chef en 1950 après avoir été affecté DGTTEO. Je dois préciser qu'entre 1949 et 1951 je me trouvais en Indochine où la guerre faisait des ravages. Fort heureusement, je quitte Saigon en 1951 et je rejoins Marseille en juillet où le soleil bat son plein. Je suis par la suite transféré à la Caserne Caffaielli de Toulouse où je n'aurais pas longtemps à attendre pour être démobilisé en 1952. |
Avec mes premières économies, je m'offre un saxo alto et j'en profite pour reprendre mes études. Mais je suis obligé de travailler le jour et d'étudier la nuit, aucune bourse ne m'ayant été accordée.
Je fus tout d'abord employé comme ouvrier spécialisé aux usines RENAULT puis à la RATP.
Tout cela devient trop dur à supporter car je ne peux pas travailler et poursuivre mes études en même temps. Me voilà donc condamné à abandonner mes études après avoir tout de même passé un concours auprès du Ministère d'Etat où je suis admis.
Pendant ce temps, je consacre tous mes samedis soirs et dimanches matins à étudier la musique. Il m'arrive même de faire quelques " bœufs " chez CLODOMIR. qui décide de m'engager Rue du Cardinal Lemoine.
J'ai donc fait mes premiers pas au "Caraïbes" durant 2 ans, puis au "Bal fleuri", au "Valence", au "Cho Cho Cho" où Robert MAVOUNZY venait souvent me rejoindre et où nous n'hésitions pas à faire un "bœuf" accompagné de mon orchestre et parfois de Maurice METHON. |
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Cette formation était composée de Gérard STANISLAS (Guadeloupe), André COIFFE (Métropolitain), MITRAM Rodolphe (Guyane), BALTAZAR (Guadeloupe), Virgile Elie Victor CALCUL, Henri DALBIN, Noël, Martial, Maurice Jallier, Alexandre PERVAL, Yves LUBINO, Gérard LAVINY.
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C'est à mes début au "Caraïbes" où je jouais toutes sortes de musique, que je rencontre Pépin DUCAS, grand clarinettiste.
Je rencontre aussi la femme de ma vie, Rose-Marie que j'épouse en 1954, Suivent beaucoup d'autres heureux évènements qui sont mes 4 fils et mes 2 filles. Tous sont d'ailleurs aujourd'hui passionnés de musique ou de danse. |
Puis en 1955, je perds la vue et je suis atteint de cécité complète. C'est en 1960 que je rencontre Gilles SALA qui représente la maison RCA à cette époque, je suis le 1er saxophoniste Guyanais qui obtient un contrat d'exclusivité et Gilles me donne l'occasion en cette même année d'enregistrer mon premier disque.
J'ai eu il est vrai, deux parrains de choix, puisqu'il s'agissait de Gilles et Joséphine BAKER.
Toujours cette même année, je me produis pour mon plus grand plaisir dans un grand bal, Place Saint Augustin. Je deviens Par la Suite membre de la S.D.R.M. et de la S.A.C.E.M.
Après mon contrat chez RCA J'enregistre chez Homère, maison dirigée par Robert CANETI et Michel HERAULT.
C'est en 1963 que j'ai l'immense joie de retrouver la Guyane où de 1964 à 1967 je jouerai dans de nombreux bals pour les étudiants guyanais, comme me le demandait parfois Marcelle VERIN.
J'attendrais 1968 pour décrocher un nouveau contrat dans mon pays où j'obtiendrai enfin la consécration en enregistrant mon premier 33 tours RCA.
J'ai bien sur parcouru beaucoup de villes et de pays comme l'Italie, l'Afrique du Nord, la Belgique, Marseille, Calais pour obtenir différents contrats, notamment avec Georges BARTHELEMY et son fils. Ensemble, nous avons fait les beaux soirs de certains "clubs" comme celui de Cathe et René à Cormeille en Parisis, ou encore à Boulogne sur Mer.
Ce fut une époque pleine de succès, pendant laquelle je jouais à la "Taverne de Belleville" et où je suis resté plusieurs années. Je peux vous dire que la salle était toujours comble et le public surchauffé.
J'ai également parcouru la France en compagnie de différents "compagnons de route" tel que Raymond CHARLERY avec qui j'ai pu enregistrer et Jean-Roland VERDEROSA dit JORLAND, et Gilles SALA avec lequel j'ai participé à de nombreuses émissions de radio.
Quant à "ANGELINA" , je suis sûr que les villes où nous nous produisions s'en souviennent encore. Je fus professeur auprès d'élèves aussi bien Métropolitains, Antillais que Guyanais et je ne dissimulais pas le réel plaisir que J'avais à enseigner tout ce que je savais dans ce domaine.
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Maurice METHON pourrait vous en dire long sur ce sujet. Beaucoup Plus tard, en 1973, la Taverne est vendue. Je continue malgré tout à faire quelques galas et à enseigner à mes élèves. Notre musique vit encore aujourd'hui et certains titres comme, "Mo rélé maman, maman quimbé mi rein" passent en Belgique dans des villes comme KNOKX HEIST ZEEBRUGE et BRUGE car les Flamands aiment notre musique et m'ont donné l'occasion de rejouer parmi eux pendant l'été 85. L'accueil fut plus que chaleureux. |
Et c'est Grâce à ma fille cadette "Lili" qui tient un établissement à ZEEBRUGE que mes disques continuent d'être passés et écoutés ... Des extraits en MP3 de et par l'artiste Gaston LINDOR à télécharger:
"O ma Guyane", "Approuague-Kaw", "Boléro dans la Nuit"
Tout cela prit fin, quand en 1987 je fus atteint d'une hémorragie cérébrale qui me laissa paralysé du côté droit. Ce handicap m'empêche bien sûr de m'entraîner 8 heures par jour comme je pouvais le faire auparavant. De plus, je ne me déplace pas très bien, et n'ayant plus l'usage de mes yeux, tout cela m'est parfois très pénible... j'essaye de ne pas perdre le moral
Aujourd'hui, je me souviens de ces jours heureux où mon ami Gratien LANOU se mettait au piano et moi au saxo. Nous répétions à la maison pendant des heures, des heures qui nous semblaient si courtes ...
(Gaston LINDOR)
Depuis quelques années, Gaston savoure en compagnie de son épouse et de ses enfants une retraite bien méritée.
Son handicap lui enlève toute possibilité de faire encore un peu de musique, mais il est si entouré que la courbe de son moral reste au beau fixe, ses enfants sont tous musiciens, et cela lui met du baume au cœur.
Dans son pays natal, il n'est pas oublié, plusieurs articles le concernant sont signés par Yvan ROLLUS ou Rodolphe ROBO.
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Les Enfants de Gaston LINDOR (à l'aube de l'an 2000)
- Aliette (39 ans) Chanteuse
- Jean-Marie (30 ans) Pianiste - Compositeur
- Michel (35 ans) Saxo - Guitare - Compositeur
- Pascal (38 ans) Bassiste Issu du Conservatoire - Professeur de Musique
- Maurice (40 ans) Batteur
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(Aude BAGOE)
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