ROBERT MAVOUNZY (Alias Rabôte)
Né à COLON (Panama), de mère Guadeloupéenne et de père Panaméen le 02 Avril 1917, dès son enfance, il à été initié à la musique et jouait à la scie musicale et à la batterie, il est âgé de 10 ans lorsque son père décède.
 (Maman de Robert MAVOUNZY) |
De retour en GUADELOUPE avec sa maman et a peine ont-ils le temps de s'installer, l'enfant prodige est engagé comme batteur, dans le plus illustre des orchestre que dirige Roger FANFANT, " le Fairness's Jazz ", cet orchestre compte d'éminents musiciens qui sont : Madame THERMES au piano (professeur de musique) - Elie CHAUDREAU à la guitare - Maxime WILLIAM à la trompette - Roger CITE à la batterie - Robert et Roger FANFANT au violon, tous ces musiciens font la joie de leurs admirateurs, leur admiration pour ce gamin qui tient la batterie de manière électrique ajoute au succès du " Fairness's Jazz ". |
En 1933, Robert MAVOUNZY fait l'acquisition d'un saxophone qu'il maîtrise assez rapidement, il s'amuse à jouer aussi bien du saxo alto au ténor en passant par le baryton sans oublier la clarinette, au sein du même " Fairness's Jazz ", il joue au saxo ténor et Staël GABALI est au saxo alto.
En 1937, l'orchestre est désigné pour se rendre en France pour y animer le pavillon de la GUADELOUPE lors de l'exposition Internationale des Arts et Techniques, Madame THERME qui ne tient pas à faire le voyage, se désiste au profit du jeune pianiste Edouard PAJANIANDY dit " MARIEPIN ", une photo immortalise ce grand événement ! |
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Avant son retour en GUADELOUPE, l'orchestre enregistre six faces de biguines aux studios Pathé puis, Robert MAVOUNZY ne tardera guère de revenir tout seul à Paris, c'est sans difficulté qu'il prend contact avec les grands musiciens de la capitale.
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Il joue avec le grand trompettiste Bill COLEMAN au " Club des Champs Elysées ", puis au " Chantilly " avec le guitariste Argentin Oscar ALEMAN.
La guerre de 39 - 45 éclate, les musiciens de couleur on du mal à trouver du travail, Félix VALVERT à une idée de génie, il décide d'aller en zone libre, il parvient à réunir les meilleurs musiciens antillais du moment, tels que : Abel BEAUREGARD - Paul LUDE - Jean DEGRACE à la trompette - Albert LIRVAT au trombone et à la guitare - Claude MARTIAL au piano - Alberto BORGIANO à la contrebasse - Fred ALEXI à la batterie - Robert MAVOUNZY - Eugène DELOUCHE - Emilio CLOTILDE et VALVERT lui-même au saxophone. |
Nous sommes en Février 1942, L'épopée ne dure que quatre mois, au mois de juin, Robert MAVOUNZY revenu à PARIS se voit engagé dans l'orchestre du camerounais Fredy JUMBO qui officie à la brasserie " la cigale " ; MAVOUNZY est au saxo alto tandis que Sylvio SIOBUD est au saxo ténor, l'haïtien Maurice THIBAULT tient le piano, Henri GODISSARD le Guyanais tient la contrebasse et Fredy JUMBO le pipeau et la batterie.
Un musicologue bien connu écrit la chose suivante en parlant de RABOTE …le pilier de l'orchestre, arrangeur de la plupart des morceaux, était Robert MAVOUNZY qui transmettait son aura à tous les musiciens sans exception, capable de s'exprimer avec le même brio au soprano, à l'alto, au ténor, au baryton ou à la clarinette, il passait d'un instrument à l'autre et poussait la fantaisie jusqu'à en jouer de deux à la fois… |
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Au mois d'octobre 1942, " la Cigale " offrait à son public une section de quatre saxophones : Eugène DELOUCHE et Chico CRISTOBAL à l'alto (émule de Mavounzy) Sylvio SIOBUD au ténor et Robert MAVOUNZY au baryton ; un vrai feu d'artifice !!! Le 18 Novembre 1942 se produit un grand événement discographique, l'orchestre de Fredy JUMBO enregistre chez "Polydor". Pour la circonstance, Robert MAVOUNZY fait appel à son ami Albert LIRVAT qui intègre la formation pour la guitare.
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Le non-voyant Claude MARTIAL tient le piano, Sylvio SIOBUD est au saxo ténor, Henry GODISSART à la contrebasse, Fredy le chef d'orchestre toujours à la batterie et au pipeau. (Orchestre de Fredy JUMBO en 1943)
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Voilà ce que rapporte le bien connu Jean-Pierre MEUNIER : les deux saxophonistes se placent dans la lignée des meilleurs américains, Robert MAVOUNZY à l'alto posséde l'aisance déconcertante, la logique sophistiquée et intuitive, l'élégance, l'invention, l'exubérance d'un saxophoniste comme Benny CARTER dans des chorus ou chaque attaque est un cri de joie, Sylvio SIOBUD, quant à lui, a retrouvé son ténor, la générosité véhémente, l'assise inébranlable, la flexibilité chaude et moelleuse d'un Coleman HAWKINS Albert LIRVAT assure le soutien métronomique et harmonique d'un Freddie GREEN.
Dans une autre séance d'enregistrement, il est dit que : " Robert MAVOUNZY donne une démonstration de sa verve et de sa fantaisie à la clarinette ". Autre phrase à souligner, il s'agit en réalité d'une Jam-Session dans laquelle notre vaillant trio LIRVAT - SIOBUD - MAVOUNZY (ce dernier empoignant l'alto avant de conclure à la clarinette) nous donne en final
(Robert MAVOUNZY et Albert LIRVA) |
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une époustouflante improvisation collective emmenée par MAVOUNZY dans la plus pure tradition de la Nouvelle-Orléans. Autre phrase encore dans " georgina " composition de Robert MAVOUNZY, celui-ci développe un chorus de clarinette débordant de jubilation.
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Robert MAVOUNZY était de toutes les Jam-sessions organisées après la libération par Charles DELAUNAY, il à été le premier musicien en France à se lancer dans le style Be-Bop de Charlie PARKER, il fut aussi le premier à en faire des enregistrements à Paris, six mois avant que le grand trompettiste Dizzy GILLESPIE ne vienne en faire la démonstration de ce nouveau style de musique à la salle Pleyel en février 1948.
(Madame MAVOUNZY et son fils Robert avec Emilien ANTILE) |
Robert MAVOUNZY fut le plus prestigieux des saxophonistes antillais, il a marqué le siécle par sa façon de s'exprimer au saxo, il fut souvent imité jamais égalé, il eut de nombreuses empoignades tant avec son émule Chico CRISTOBAL qu'avec Emilien ANTILE - Sylvio SIOBUD - Franck " Big Boye " Goudie etc. Après plus de trente ans d'animation à " la cigale " ce musicien de renom, compositeur émérite, fut pris d'un malaise dans cette brasserie de renommée internationale, haut lieu du Jazz à Paris, c'est aussi dans ce temple de la musique qu'il a pu se mesurer aux grands musiciens américains, donnant à ses fidèles admirateurs le maximum de son talent. Citons quelques unes de ses œuvres qui devinrent des classiques du genre ; Pour le Jazz : " la cigale " " georgina " et pour la musique traditionnelle Antillo-Guyanaise : " bon ti rhum la " " ka y fait ou " " bégonia " etc.
Robert MAVOUNZY succombe à son malaise le 24 Mars 1974.
Il fut remplacé à la cigale par le non moins valeureux saxophoniste "Ti Marcel" LOUIS-JOSEPH, c'est aussi Ti Marcel qui fut sollicité par le curé de l'église des Abbesses pour jouer " du Robert MAVOUNZY " au moment de la cérémonie religieuse, l'église fut archi-pleine des musiciens métropolitains, Américains et Antillo-Guyanais. Que d'yeux ce sont voilés ! la gente féminine fondait en larmes, adieu RABOTE ! ton nom restera gravé dans la mémoire de plusieurs générations de MADIKERA et de la GUYANE.
(Aude BAGOE)
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