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MICHEL SARDABY
Alias BEBENE
Pianiste - Compositeur - Professeur de musique

Né le quatre septembre 1935 à Fort de France (Martinique), d'un père pianiste, faisant partie de la bourgeoisie Foyalaise. Très tôt, il initie son fils à la musique. Adolescent, MICHEL s'affirme comme étant le meilleur des enfants pianiste de sa génération.
Dans la capitale Martiniquaise, rares sont les familles qui possèdent chez elles un piano. Celle-ci imposent à leur progéniture l'étude de la musique classique uniquement. Il n'est point question d'en pratiquer une autre. Seuls, les enfants de musiciens d'orchestres de variétés Françaises ou de musique traditionnelle Antillo - Guyanaise sont autorisés à s'adonner à celles-ci. Ces jeunes pianistes sont connus et se connaissent tous. Ils se réunissent souvent, ce sont les frères et sœurs BAGOE - frères et sœurs MALMIN - les frères CARETO - ANDREE RASO - ALEX JOSEPH-NOEL - BERTRAND et le dernier MARIUS CULTIER, et bien entendu MICHEL SARDABY qui est considéré comme étant le meilleur d'entre eux parce que jouant du boogie-woogie avec un sens très poussé du rythme.
Tour a tour, ils vont l'écouter dans ses prouesses sous les fenêtres de la maison familiale. Pour eux, MICHEL est désigné sous le pseudonyme de " BEBENE ", diminutif du prénom de son père Bernard.
Inscrit à l'école des arts appliqués au lycée Schœlcher, MICHEL fait partie de future grands artistes tels : LOUIS LAOUCHEZ - HELENON - CHRISTIANE RASO et de nombreux autres. Ensuite le jeune pianiste quitte la Martinique pour Paris ou il s'inscrit à " l'école boulle ". Son cursus terminé, diplôme en poche, il porte son choix sur ce dont il a tant rêvé ; La musique.
Quartet: Gaby Malahel - Robert Mavounzy - Michel Sardaby - Pierre Renay
Il faut préciser qu'a cette époque, les enfants se devaient de donner entière satisfaction à leurs parents sur le cursus désigné par ceux-ci.
Tout en leur faisant plaisir d'avoir obtenu le diplôme, l'étudiant bifurquait vers ce qui le passionnait, puisque en cas d'insuccès dans la voix artistique, une porte lui restait ouverte pour se rattraper.
MICHEL à toujours affiché beaucoup de respect et une grande admiration pour son père qui lui a tout apporté, de l'ardeur au travail à la rigueur, la discipline. Telles étaient ses exigences.
Voilà ce qu'il dit de sa vie : " parallèlement à mes études, je faisais de la musique en semi-professionnel avec les grands musiciens Antillais travaillant à " la Cigale " ce haut lieu du jazz à Paris. Ce fut pour moi un bon cheminement. Je sentais que j'étais une fois de plus à " bonne école ". AL LIRVAT - ROBERT MAVOUNZY - JACK BUTLER m'ont beaucoup apporté. J'ai travaillé avec les Américains tels : DEXTER GORDON - ART TAYLOR - KENNY CLARKE etc. En 1964 MICHEL SARDABY monte un trio avec MICHEL FINET et PHILIPPE COMBELLE. Il voulait pouvoir s'exprimer afin de s'extraire de ce carcan d'accompagnateur.
Les Français donnent l'impression de tout savoir et de pouvoir tout résoudre contrairement aux Américains qui respectent les gens, ne serait-ce que pour gagner de l'argent avec eux. Pour m'affirmer, j'ai du être mon propre producteur pour mes premiers disques. Ensuite, j'ai eu recours à mon ami HENRI DEBS, antillais comme moi et connaissant les difficultés que rencontrent
les artistes. J'ai forgé comme le forgeron, et me suis arrangé pour ne pas quémander. Je ne bois pas, ne fume pas, ne fais pas la noce. J'ai élevé mes enfants. J'ai appris à gérer, a me priver, et sans publicité, sans battage médiatique, sans support radio, mes disques se vendent parce que je respecte le public qui vient m'écouter. Je remplis mes contrats. Je fais mon boulot. J'ai appris à monter au ciel à la corde lisse et par fois on n'y a même mis de l'huile.

Trop de musiciens Français ne m'ont jamais admis, il faut le dire : Je l'ai trop souvent caché. J'ai besoin de prendre des risques pour aller de l'avant, les disques en témoignent. Ce sont des photographies de moments de ma vie. Un disque est un flagrant délit d'existence. Le jazz est une philosophie de la vie. C'est la vie, cette vérité profonde de l'homme dans ce qu'il ressent : Sens du rythme, de la communication de son effort. Il y a une dignité a la base du jazz, comme dans la peinture et dans tout ce qu'on appelle " art ". Or, tout le monde veut s'y engouffrer pour se réfugier, pour se protéger des contraintes quotidiennes du travail. J'ai constaté que beaucoup de gens, aujourd'hui, jouent de manière indifférenciée une musique autre. Il y a aussi ceux qui ne savent pas bien swinguer et qui partent vers des formes floues. Le rythme et le sens du discours propres au jazz ont disparu au bénéfice de modes. On fait n'importe quoi, et on dit que c'est du jazz !. Parfois, je préfèrerais qu'on dise " Festival de Musiques " plutôt que de " Jazz " ; car je ne m'y reconnais pas. Enfin voilà ce que disait LOUIS CHEVALIER de MICHEL SARDABY.

L'œuvre de MICHEL SARDABY est marqué par la rigueur qu'il s'est imposée pour faire ressortir la substance de son art. Il est aussi un homme doté d'une sensibilité hors du commun : il a gravé en lui les sens de l'amitié et de la convivialité, qu'on retrouve également à l'écoute de sa musique. Le plus grand compliment qu'il reçus vint d'un de ses confrères, l'excellent pianiste ART SIMMONS : " C'est un de mes pianistes favoris, je suis en mesure d'en apprécier encore plus les qualités pianistiques. Il a toutes celles que doit posséder un pianiste : tempo, Goût, subtilité etc. Il me rend envieux, car c'est aussi un grand compositeur très apprécié hors de nos frontières, aux Etats-Unis et au Japon notamment, il est temps que l'un de nos plus généreux musiciens soit aussi reconnu en France comme l'artisan d'une très grande forme de musique de jazz ". A l'époque à laquelle MICHEL SARDABY à travaillé à " la Cigale " avec ROBERT MAVOUNZY - AL LIRVAT - BENNY WATERS - JACK BUTLER et les autres,
cela a contribué a la faire connaître dans un plus large milieu de musicien professionnels. En quittant cette grande école qu'était " la Cigale ", MICHEL DE VILLERS l'invita à le rejoindre au sein de son quartet au " Caméléon ", sur la rive gauche.

A partir de cet instant, il a joué dans tous les clubs. Il a accompagné aussi quelques grandes figures Françaises du jazz telles que : GUY LAFITTE - MICHEL HAUSSER - JACQUES HESS et bien d'autres encore. Un des instants marquants de sa carrière reste celui passé au sein du quartet de DEXTER GORDON, avec ART TAYLOR et MICHEL FINET, au " Chat qui pêche " et au " Jazz land ".
A cette même période, KENNY CLARKE l'a invité à jouer dans son groupe au " Blue note " qui était le club le plus important de Paris. Il a accompagné aussi J.J. JOHNSON, RENE THOMAS, BEN WEBSTER, JIMMY GOURLEY et CHET BAKER.
" Les années soixante " on été pour lui très bénéfiques. Les événements l'ont obligé à prendre davantage conscience de ce qu'il voulait faire de la vie en général.
En 1965, MICHEL était marié et père de famille, et venait d'acheter un appartement afin de mieux s'organiser, il avait une voiture pour travailler, il jouait souvent dans les clubs en trio ou en sideman, il a produit avec l'aide de son ami HENRI DEBS son premier L.P. " BLUE SUNSET ". En 1970, il enregistre dans les mêmes conditions un disque qui a eu beaucoup de succès, surtout à l'étranger, et qui a fait l'objet de plusieurs rééditions " NIGHT CAP " avec PERCY HEATH et CONNIE HAY. Il enregistre à New York en 1972 et 1974 deux autres L.P.s, l'un avec RICHARD DAVIS, BILLY COBHAM et RAY BARETTO l'autre avec RICHARD DAVIS, BILLY HART et LEOPOLDO FLEMING. Il jouait toujours en club, en Suisse, en Allemagne. En 1980, il poursuit la même activité, clubs, concerts, festivals. Dans cette période, il enregistre deux C.D. chez HARMONIC RECORDS :
un duo avec RON CARTER et un autre avec MONTY ALEXANDER.Il lui était indispensable de s'inscrire dans une logique positive pour passer les étapes dans le temps.
En France, il n'a pas trouvé la même complicité qu'il partageait avec les musiciens aux Etats-Unis. C'est donc en 1996 qu'il enregistre " Classics And Ballads " à New York, avec BEN RILEY et BUSTER WILLIAMS, produit par " SOUND HILLS ", au Japon. Puis en 1997, lors d'une tournée à Kong-Kong et au Japon, toujours chez " SOUND HILLS ", il grave " Intense Moment " avec REGGIE JOHNSON et JOHN BETSH. Le jazz est un art ou la nationalité n'a pas sa place.
Il existe plus de musiciens qui se prétendent musiciens de jazz qu'il n'y a de musiciens de jazz authentiques. Le jazz dit " Français " est une appellation qui semble plus correspondre a un argument de promotion d'une famille de musiciens. Cela ne traduit pas mon idée du jazz. Mon panthéon de cet art est d'abord mon père. Je lui dois ma disponibilité pour assumer ma propre découverte. Ensuite DUKE ELLINGTON : c'est pour moi un exemple. Son œuvre constitue un patrimoine. En juin 1999, j'ai donné des concerts tant à la Guadeloupe qu'a la Martinique, cela a constitué pour moi un véritable retour aux sources. J'y ai retrouvé de nombreux parents et amis de mon enfance.
Quel ne fut mon immense plaisir de recevoir d'eux et de l'association " LES RENCONTRES MUSICALES ANDERSON BAGOE " la médaille d'or des grands musiciens Martiniquais.
Je rêve d'une société ou les hommes seraient encouragés à se découvrir, à s'accepter, et seraient capables de subordonner leur besoin de posséder a leur capacité réelle de produire.
La présence de la musique dans la société est une nécessité évidente.
C'est la traduction d'une vie culturelle. Il n'est pas bénéfique pour la pratique d'un art de nier sa complexité sous prétexte d'en facilité l'accès. Les exigences que réclame la création artistique ne peuvent s'économiser sans préjudice pour l'œuvre d'art.
(Aude BAGOE)