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Albert LIRVAT
Dit Al LIRVAT

Né à Pointe-À-Pitre le 12 février 1916, à l'age de quatre ans, son oncle Léogane qui est luthier lui offre une mandoline, Ti Bebert assimile les leçons et conseils de son oncle, cela le conduit à vouloir étudier le banjo, à onze ans il maîtrise ce nouvel instrument qui lui permet de se divertir en dehors de ses heures d'études.
Albert LIRVAT à l'age de 4 ans Au lycée Carnot ou il est élève, il monte un petit orchestre avec quelques copains qui eux aussi devinrent des musiciens professionnels en France.
A seize ans, Albert compose Touloulou cette biguine recueille un succès insoupçonné, cinquante ans après elle fait toujours partie des grands classiques.
La biguine suivante " Moune A Ou Cè Moune A Ou " vient couronner la première.
Le chef de l'orchestre " Los Créolitos " prend de l'assurance.
Il prend son bac avec succès et souhaite faire des études d'ingénieur de transmission.
C'est avec sa guitare que l'étudiant musicien débarque à Paris en décembre 1935.
Il effectue les démarches concernant ses études, et multiplie aussi ses contacts auprès des musiciens qu'il rencontre dans ses sorties nocturnes.
Sa réputation de jeune et grand compositeur lui ouvre nombre de portes des lieux ou la musique traditionnelle des Antilles est diffusée.
Sa biguine Touloulou est jouée par tous, de plus, ces musiciens professionnels le considèrent comme un virtuose de la guitare, il arrive à concilier étude et animations musicales.
L'arrivée de la guerre 1939 - 1945 le pousse à rentrer en Guadeloupe, c'est l'occasion pour lui de s'offrir des vacances ; et c'est ce qu'il fait pour rejoindre son pays, dans l'euphorie de ses vacances il reçoit " un délai de route " pour son incorporation dans l'armée, il est envoyé à la Martinique !
La France est en guerre avec l'Allemagne ce qui explique que les casernes recrutent nécessairement, elles sont pleines d'une jeunesse qui devra rejoindre le front, Albert LIRVAT fait partie de ceux qui seront parqués au " Lycée Schoelcher " avec pour tout confort des mottes de paille pour dormir, avec lui quelques musiciens martiniquais tels que Ti Jo BALUSTRE et Maurice LONGRAIS, cette situation pour le moins rocambolesque amène le guitariste guadeloupéen à immortaliser cet état de fait, il compose " A Dans Paille La ".
Sans se soucier d'un éventuel départ à la guerre, ils passent leur temps à faire de la musique à longueur de journée et de soirée, Maurice LONGRAIS assure tantôt la trompette et aussi la batterie il en est de même pour Ti Jo BALUSTRE d'autres musiciens se joignent à eux.
La nouvelle tombe un beau matin, Albert LIRVAT est désigné pour se rendre à Rochefort à l'école qui assure la formation d'élèves officiers de réserve (E.O.R.).
Paris est en pleine occupation allemande, après sa formation il rejoint la direction du bureau de transmission de la capitale.
Au fur et a mesure, il reprend contact avec ses copains musiciens, l'Allemagne à la main mise sur Paris, elle donne la chasse aux musiciens noirs, quelques-uns uns d'entre eux sont arrêtés et envoyés dans des camps, d'autres au front, c'est ainsi que Victor COLLAT, Sosso PE-EN-KIN sont grièvement blessés et succombent des suites de leurs blessures, cela se passe en 1940.
En 1941 Albert LIRVAT rencontre le chef d'orchestre Félix VALVERT qui lui propose de l'introduire dans son ensemble comme guitariste à condition qu'il passe de cet instrument au trombone, qu'il lui offre sur-le-champ.
Au bout de quelques temps, AL maîtrise l'instrument au point d'être classé deuxième trombone de France par le " Hot Club de France ", des l'année suivante il occupe la première place du classement. Félix VALVERT prenant conscience des difficultés rencontrées avec l'armée allemande, décide de quitter Paris pour se rendre en " Zone Libre ".
Pour ce faire, il réuni les meilleurs musiciens antillais dont le groupe se compose : Félix VALVERT, Robert MAVOUNZY, Eugène DELOUCHE, Emilio CLOTILDE au saxophone, Albert BORGIANO contrebassiste cubain, Fred ALEXIS à la batterie, Claude MARTIAL au piano et Albert LIRVAT à la guitare et débutant au trombone.
Fin 1942 LIRVAT se rend à " L'Odéon " de Marseille pour y accompagner Edith PIAF.
De retour à Paris il est sollicité par son ami Robert MAVOUNZY qui joue à la " Cigale ", cette brasserie est le haut lieu du Jazz en France, cela se confirme par l'arrivée des musiciens américains venus avec leurs armés aider à la libération de la France, nous sommes en 1944. En 1945, la France renaît de cette triste guerre, une vie euphorique fait place à celle-ci, les boites s'ouvrent de partout.
Albert LIRVAT se déplace au cabaret la " Villa d'Este " puis au " Pavillon d'Armon ville ", " la Canne à Sucre " ouvre ses portes aux Antillais ! C'est le trompettiste, guitariste Pierre LOUISS qui est chargé de l'animer en compagnie de la Chanteuse Moune de RIVEL, du guitariste Roland PATERNE et deDenis ANCEDY.
En 1946, Sam CASTENDET succède à Ernest LEARDEE qui avait relevé Pierre LOUISS, Al LIRVAT au trombone fait partie de cet orchestre avec Robert ROCH à la contrebasse, Maurice NOIRAN à la clarinette, CASTENDET à la batterie.
Albert y rencontre celle qui sera dans un premier temps sa partenaire dans le duo qu'ils mettent sur pied, puis son épouse par la suite, ces duettistes ont un tel succès qu'ils s'en vont en tournée.
Martinales et Alberto commencent un travail qui les conduiront, de succès en succès, leurs compositions sont toutes des tubes, Martine est originaire de la Corse avec en elle un sens profond de la musique traditionnelle Antillo-Guyanaise, leurs enregistrements parle de " Doudou Pas Pleuré ", " Ce Ou Même Qui l'Anmou " et " mi-Belle Journée ".
Cette merveilleuse biguine a une très belle histoire, elle est composée un jour en dix minutes.
20 December 2007
Le Pianiste David Fackeure improvise sur le magnifique thème d'Albert LIRVAT, Mi Belle Journée...

Depuis la fin de la guerre, il était impossible aux musiciens antillais de se reposer tant le travail abondait.
Un matin, en terminant leur animation à " La Canne à Sucre " un des musiciens déplore le fait de ne pouvoir se réunir entre amis afin de goûter aux petites joies qui meublent la vie de tout un chacun, et propose que l'on fasse en sorte qu'ils puissent se retrouver en dehors de leur travail. Sam CASTENDET les prend au mot et propose de mettre à leur disposition, et ce même jour, son pavillon sis à Ozoir la Ferrière, en banlieue parisienne, l'offre acceptée, ils se retrouvent chez CASTENDET, ils établissent un programme pour la journée (apéritifs, repas, digestifs, café etc.) cela se passe en présence de leur ôte de Robert ROCH, Christian JEAN ROMAIN, Maurice NOIRAN, Claude MARTIAL et Albert LIRVAT. Après un repas bien arrosé, l'un d'entre eux s'adresse à LIRVAT afin qu'il dise ce qu'il pense de cette petite réunion improvisée ? " Mi-Belle Journée… Mim' " répond-t-il, sa réponse est perçue agréablement par tous, qui lui demandent de le prouver.
Mi-Belle Journée… En dix minutes, cette biguine est composée et rendue célèbre des lors, quelques minutes après l'avoir chantée plusieurs fois, il compose comme pour se faire pardonner par son épouse " Doudou Pas Pleuré ", c'est à mes yeux un coup de génie. Mi-Belle Journée…
En 1950, Al LIRVAT crée " la biguine Wabap " il développe techniquement sa création, il est question de polyrythmie et de pédale charleston.
Cette idée est née de sa rencontre avec le grand trompettiste noir Américain Dizzy GILLESPIE, ses diverses prestations lui permettent de promouvoir cette nouvelle façon d'appréhender la biguine.
En 1954, il est sollicité par le nouveau chef d'orchestre de la " Cigale ", le trompettiste noir Américain Jack BUTTLER pour animer le Week end dans ce haut lieu parisien du Jazz.
Entre temps cela lui permet d'enregistrer chez " Pathé " sur disques 78 tours, ses premières " biguine Wabap " " Guadeloupe En Nous ".
L'année suivante il s'installe comme chef d'orchestre à cette même " Cigale ", ses prestations y sont folles… et l'afflux des musiciens antillais et Américain en plus de la clientèle habituelle en font foi ! Il enregistre cette fois chez " Urania ".
En 1960 c'est chez Debs qu'il sort un quarante cinq tours Wabap, " Rendez-Vous A Ka Titine ", de 1960 à 1964, il accompagne d'abord Joséphine Baker à l'Olympia, puis il effectue une tournée en Afrique, il participe au tournage du film " Paris Blues " avec Duke Ellington et Louis Armstrong et de nombreux autres musiciens antillais, avec Barel Coppet, il part aux Antilles, deux nouveaux " quarante cinq tours " : un de biguines traditionnelles un de Wabap.

1965 marque la naissance de son " Trio des Iles " avec Barel COPPET et Pierre CHONCHON, ensemble, il enregistrent un autre " quarante cinq tours " toujours chez Debs, Barel est à la clarinette, Pierre CHONCHON à la tumba et Al LIRVAT à la guitare, en 1968 DEBS sort un " Trente trois tours " " Biguine Tout Bonnement ".

1969, création d'un nouveau rythme " Le Kalangué" au "relais Créole ", le 18 juin de cette même année, il retourne à la " Cigale ", il y demeure jusqu'à la fermeture de celle-ci le 28 septembre 1975, entre temps il enregistre un disque de Jazz " Later " toujours sur disque DEBS, son ami Robert MAVOUNZY meurt le 24 mars 1974.
En 1976, il est de retour à la " Canne à Sucre ", il participe à la nouvelle publicité du " Riz Uncle Bens ", il prend connaissance de l'arrivée d'un nouveau son ; le Zouk (Rosita, Cuisse à Poule etc.) il compose : " Fouté I Dérô et Soso Cadence Lypso "
DEBS sort un enregistrement en version nouvelle de " Biguine Wabap " (titre de l'album " (1978), il reçoit les " Maracas d'Or " à la création du prix (1978) LIRVAT effectue un recyclage de dix huit mois avec les " Pyromanes " (1979).
En 1980 c'est la comédie musicale de Ronnie AUL " l'Ile Heureuse " qui lui permet de sortir chez DEBS, un nouveau " trente trois tours ", en 1983 c'est la création de la " Biguine Ka " (BK) 7 - 6 - 5 temps, en 1985 il forme son " Trio Wabap " avec José BENJAMIN et Marcel DORINA, son choix se porte sur la musique d'ambiance pour les grands restaurants, les cocktails et l'animation des grands hôtels.
En 1987, c'est un disque de Zouk qu'il signe chez DEBS " Dansez avec les Antillais ".
En 1990 " Paris Black (télé B.B.C.) " c'est aussi son premier enregistrement par ordinateur " Madrague (kalengué)" " Dégagé Mano" (Béka à 7 temps, en fournissant toutes les données de la programmation) (instruments et vocal à cinq voix) à c'est deux jeunes amis informaticiens Jocelyn DELANNAIS et Paul-Henri JOSEPHINE.
Le 15 novembre 1990, il fait l'ouverture du premier festival de Jazz de Pointe-à-Pitre avec le saxophoniste Ti Marcel LOUIS-JOSEPH. En 1991, il participe au film " Siméon " d'Euzan PALCY, 1993, il donne plusieurs concerts au " Petit Opportun ", 1994 voit Al LIRVAT poser ses valises, il donne quelques concerts au centre " Mathis " dans le 19e arrondissement de Paris.
Quelques notes : "Mi Bab" "Dépose Moin Até" "Biguine Lontan" "Fet an Nou" "Lanmou Ce Lanmou" "Gadé Loulouse" "Man May La"
La présidente de l'A.R.I.C.O.M., maître Dominique ANNICHARICO lui rend un vibrant hommage, depuis le guitariste - tromboniste - compositeur - théoricien - innovateur, n'est aperçu que dans quelques grandes manifestations antillaises et récemment dans le tournage du film de Julius-Amédée Lahou " Une Famille très Ordinaire " en compagnie de Ti Marcel,
Antoine FRANCONNY, Jobby VALENTE, Aude BAGOE, Dieudonné, Ralph TAMAR, Loulou BOISLAVILLE et de nombreux autres, plus de deux cent de ses compositions sont déposées à la SACEM.
(Aude BAGOE)

Al LIRVAT ne jouera plus


Compositeur à succès, auteur de chansons devenues de véritables symboles des sonorités antillaises et du métissage musical, Al LIRVAT est décédé à Paris samedi 30 juin 2007 à l’âge de 91 ans Le président de la Région Guadeloupe, Victorin Lurel, s’incline respectueusement devant la mémoire d’Al LIRVAT, un artiste d’exception qui, en s’éteignant, entre au panthéon des plus grandes figures du patrimoine musical antillais. ''Celui qui aurait voulu être centenaire nous quitte trop tôt, mais il nous laisse une oeuvre colossale de plus de 200 titres qui ont traversé et traverseront encore les générations'', ajoute-t-il dans un communiqué de presse en date du 1er juillet. L’album Wabap, sorti en 2003, "non du premier disque d’Al LIRVAT, un 78 tours enregistré en 1954 chez Pathé Marconi,"voit la participation de plusieurs grands noms de la musique antillaise actuelle : entre autres Kali, Dédé Saint-Prix ou Ralph Thamar.