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Anatole COPPET dit Barel
(Batterie - Saxo - Clarinette - Piano)
Une force - une Légende - un Mythe

La musique engendre des gênes que l'on ne saurait contester. A la Martinique, et partout ailleurs, il y a des familles de musiciens. Le nom de ces familles à traversé le siécle d'un bout à l'autre ; parmi celle-ci, il en est une dont le nom résonne régulièrement aux Antilles Guyanes : La dynastie des Coppet.
Anatole dit Barel est le benjamin de : Hypolite, Honoré et Bayard tous trois musiciens de renom, sans oublier les cousins Ivanes et Hurard. Avant cette génération, il y eu les Jaron et Sena Gallion, surnommé Yon-Yon, grand maître du " Chouval Bois ". Cela nous ramène à la montagne du Vauclin lieu dit " la Humbert ". Cette commune est aussi le lieu de naissance de Barel.
Des son jeune age, il se passionne pour les rythmes et son instrument de prédilection est la batterie. Barel ne se sépare jamais des baguettes qui lui servent à taper sur tout ce qui l'entoure. Quand ses frères animent une fête de quartier, ou un mariage, il se croit obliger d'être présent pour soutenir le tempo. Il y parvient à merveille et cela amuse la galerie ; ceci lui vaut des encouragements. Un musicien de la Guadeloupe, cultivateur de son état, accordéoniste et clarinettiste épouse la sœur aînée Cécilia Coppet. Barel Coppet (batterie - saxo - clarinette - piano)
Il se nomme Alfred Edmée dont le surnom est " Pays ". Il a été musicien en Guyane comme bien d'autres. " Pays " dirige un orchestre dont les musiciens sont les suivants : François Manclet au violon - Georges Manclet au trombone - Jules Manclet au violoncelle - Mencliére au banjo - " Pays " tien la clarinette et Jeannot la Batterie. C'est d'ailleurs ce dernier qui fait la joie de Barel. Non seulement il lui permet de " faire le bœuf " avec sa batterie, il la lui laisse afin qu'il s'entraîne.
Maman Coppet décéde et les époux Edmé décident de partir à la Guadeloupe en amenant le petit dernier. Barel est alors agé de quatorze ans. Bien que inscrit à l'école du quartier, le jeune batteur continue à suivre son beau-frère. Ainsi, il découvre d'autres orchestres mais aussi d'autres batteurs. Ceux-ci sont en compétition et se livrent à des concours d'agileté. Citons donc les meilleurs d'entre eux : Edouard Pajaniandy dit " Mariepin " - Robert Mavounzy - Antoine Duteil - Michel Berté - et bien sur notre Barel.

La lutte s'annonce difficile entre les deux meilleurs qui ne sont autres que Barel Coppet et Robert Mavounzy. Tous deux sont sollicites dans les grands orchestres locaux. Mavounzy étant déjà des l'age de onze ans le batteur attitré de l'orchestre " Fairness's Jazz " de Roger Fanfant. (Pour la petite histoire, sachez que ces cinq batteurs furent tous par la suite les meilleurs saxophonistes et clarinettistes ayant fait carrière en Europe).

Depuis quelque temps Barel est attiré par l'instrument de son beau frère. Cela s'explique, attendu que ses frères aînés Hypolite et Honoré sont déjà clarinettiste ainsi que leur cousin Hurard. Des que " Pays " s'absente Barel emprunte son instrument pour essayer d'en tirer des sons. Petit à petit, il y parvient avec beaucoup d'aisance, atel point qu'un jour il est surpris par le beau frère. Celui-ci est à la fois agacé, vu qu'il n'aime pas que l'on se serve de son instrument par mesure d'hygiéne mais découvre en même temps le talent du benjamin.
Il pause donc ses conditions et demande à Barel de se procurer un bec pour continuer à se servir de la clarinette. Conforté par cette entente le clarinettiste débutant s'adresse à Hypolite qui non consent à lui offrire un bec, lui achéte une clarinette. Des lors Barel Coppet se comporte en " self made man ". Maîtrisant parfaitement la clarinette, il s'essaie au saxophone.
Bien que passionné par la musique, Barel pense à travailler. Il trouve donc un emploi dans l'entreprise en bâtiment que dirige Monsieur Antoine Bariosco. Il est âgé de dix sept ans. Considéré comme l'employé le plus sérieux et le plus assidu, il y travaille durant trois années. Nous sommes en 1940, et l'éclatement de la guerre perturbe toutes les entreprises.
Barel trouve un emploi de cordonnier aux établissements Séverin Kancel, rue Frébeau à Pointe - à - Pitre. Il y restera six ans. Entre temps, il effectuera son service militaire à Saint - Claude de janvier 1943 à février 1944. A la caserne, il monte un orchestre, à la grande joie de ses supérieurs. C'est surtout à cette période qu'il maîtrise le saxophone. Son succès est éclatant tant dans les bals de quartiers, qu'au messe des officiers et sous officiers.
Bien qu'ayant repris ses activités dans la même cordonnerie Barel envisage un retour au pays natal. La guerre prend fin et cela stimule le musicien. Apres quelques mois de réflexion et de prise de contact, il à la garantie de travailler avec son frère Honoré dans le dancing que dirige celui-ci " le moulin rouge aux Terres-Sainville " 1946 marque le retour de " l'enfant prodige ". Barel est paré de ses deux instruments. Il se fait connaître des musiciens Martiniquais en jouant avec son frère Honoré. Se faisant, il rencontre Paul Julvécourt et un tandem se forme. Il parcourent ensemble toutes les communes de la Martinique. Les deux musiciens ont un tel succès qu'il leur est suggéré d'aller en France. Le projet prend forme mais au tout dernier moment Julvécourt y renonce, pour rester aider sa maman. Barel s'en va en compagnie de son frère Honoré.
C'est au cri de " Honoré Coppet est à Paris " que les Frères Coppet sont accueillis à la gare Saint-Lazare. Les français veulent oublier leurs déboires de la triste guerre. Deux années se sont écoulées, et tous les orchestres antillais ont du travail. Les deux frères n'ont aucune difficulté à être embauchés. Pierre Louiss est à la recherche d'un saxophoniste c'est Antoine Duteil qui le dit à Barel. Les choses se font très vite et Barel passe le " baptême du feu " à la " Boule d'or " rue plumier dans le quinzième arrondissement de la capitale. Rapidement cela devient une grande escalade, il est à l'affiche " au Reflet des Iles " boulevard Pasteur, de la, il part au nouveau " casino de Nice ", à Lille il est au dancing " Le Bellevue ", à " l'Alambra " à Vichy.
En 1949, c'est Arcachon qui le reçoit au " Casino de la Plage ", il y restera trois mois, deux mois à Paris au cabaret " l'Amiral ", trois mois à Marseille, 15 quai des belges au " Priva Léopold Bar ". Le 2 mai 1950, une grande porte lui est ouverte. Il devient chef d'orchestre du Bal Nègre " Le Blomet ", c'est pour lui la consécration, il y restera dix ans.
En 1955, lors d'un gala à la "brasserie floréal", boulevard Bonne Nouvelle, Barel est abordé par un dirigeant de la maison Philips qui lui fait signer son premier contrat d'enregistrement. Le saxophoniste - clarinettiste n'est pas prêt pour ce genre de choses, il est tout juste en train de s'initier au solfège et a l'harmonie. Qu'a cela ne tienne ! fou de joie, il prend son véhicule pour rentrer chez lui.
Chemin faisant, il met en place un air qui lui trotte dans la tête. Arrivé chez lui il ajuste les paroles et cela donne " Moin ni an l'Auto Nef ". Au bout de huit ou dix jour, il est en mesure d'affronter la maison Philips. Barel n'a ni un centime pour payer les frais de studio, ni un centime pour les musiciens. Il fait appel à ses frères et à ses amis. Tous sont sidérés, ne connaissant pas Barel compositeur. Il leur explique " le topo " et les répétitions commencent.
L'orchestre se compose de :

Bayard Coppet à la batterie - Honoré Coppet à la clarinette - Edmar Gob au saxo tenor - Pierre Rassin au trombonne - Germain Jallier à la tumba - Pierre Chonchon à la contrebasse - Madame Troubadour au piano - Roland Paterne à la guitare - Auguste Nabajoth au guiro et au chant et Barel au saxo alto et chef d'orchestre.
Tout le monde se souvient de ce gros succès des années " cinquante ". Cela vaut à Barel de faire le tour de l'Europe et de l'Afrique. Après une dizaine d'années d'euphorie et de voyage, il quitte " le Blomet " pour la " canne à sucre ". Il y demeure jusqu'en août 1967.
Discographie Partielle de BAREL COPPET

Ce sont maintenant les cinéastes qui le sollicitent :
Société Lumière Films (15 rue de Paris à Boulogne)
Casino de Salins les Bains (les artistes associés, Film Paris Blues)
Les Films Marceau (vive la nuit)
Le Samouraï, rue Quentin Bouchart (film Rhom Paris Rhom)
A.T.C. Boulogne (il est minuit docteur Schoetzer)
Merry Yves (plusieurs représentations)
De retour à la Martinique pour animer " le Manoir " avec Pierre Rassin en 1969 l'infatigable Barel y reste durant dix neuf ans. Comme pour se reposer Barel Coppet anime la seule boite ou l'on peut apprécier la musique traditionnelle à la Martinique. Il dispense aussi des cours de clarinette, piano et saxo à enfants et adultes, tout en continuant à répondre aux demandes de la Guyane et de la Guadeloupe sans oublier Paris.
Le 10 avril Barel Coppet est élevé au grade de chevalier de l'ordre du mérite. Il est considéré comme étant le dernier des clarinettiste antillais de l'ancienne garde.. Compositeur de talent, il possède la plus grande culture musicale des musiciens d'orchestre de danse. " j'ai laissé la clef sur la porte " aîme t'il chanter. Cette porte n'est autre que celle de son grand cœur qu'il ouvre à tous.

Barel Coppet décède а l'âge de 89 ans suite а un accident cardiaux vasculaire le dimanche 18 Octobre 2009 à 10h du matin au CHU Pierre Zobda-Quitman à Fort de France Martinique.

Le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand a salué lundi la mémoire d’un "gardien éclairé et vigilant" de la musique antillaise. Barel Coppet était un "maître et un modèle pour les jeunes Martiniquais désireux de perpétuer une tradition musicale dont il était le gardien tout à la fois éclairé et vigilant", écrit le ministre dans un communiqué. Ce musicien, qui était "une des figures les plus brillantes et les plus attachantes" de la musique antillaise, était aussi "une authentique figure de la vie parisienne" où il était "le roi de la biguine" dans les années 50, souligne le ministre. "Aux métropolitains, il faisait alors découvrir une autre culture, celle des îles, culture indissociablement autre et nôtre", rappelle M. Mitterrand.
Un article publié par Le Monde le 23 Octobre 2009 lui à été consacré.
(Aude BAGOE)