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Simeon Felix VALVERT
Banjo Saxophone Clarinette Compositeur Chef D'Orchestre

Issu d'un milieu plus que modeste, Félix VALVERT est né à la Guadeloupe en 1905, des sa plus tendre enfance il se passionne pour la musique. Ses parents ne pouvant lui offrir un instrument de musique, voire lui permettre d'étudier celle-ci, il se confectionne une flûte végétale comme beaucoup de jeunes antillais et arrive à en tirer des notes voire même des phrases musicales.
le 2 septembre 1921 alors âgé de seize ans, il embarque clandestinement sur le navire " Haïti " qui transporte un contingent de militaires. Ceux-ci le prennent en sympathie, le nourrisse et le protége afin qu'il ne soit pas découvert par les officier du bort. Ils l'aide même à quitter le paquebot et à sortir du port à leur arrivé à Saint-Nazaire. Il y séjournera plusieurs mois dans un hôtel qui l'emploiera d'abord comme chasseur puis comme caviste. Au mois d'avril 1922, rendu à Paris, il demeurera durant plusieurs années dans un hôtel de Neuilly ou il sera embauché comme caviste, ce qui lui permettra de se payer des cours de solfège et d'harmonie. Age de vingt deux ans, il est appelé sous les drapeaux et incorporé dans le 146ième régiment d'infanterie de Saint Avord, et affecté comme troisième trombone.
A sa libération en novembre 1928, il est embauché comme joueur de banjo au " TURQUETTY " au quartier Latin. Pour les fêtes de Noël, un saxophoniste du nom de Pierre JOUFFROY vint compléter l'orchestre. La soirée connaît un tel succès qu'ils décident de se retrouver pour le réveillon du 31 décembre. JOUFFROY, le saxophoniste propose à VALVERT de regarder son instrument durant la semaine qui les sépare du dernier jour de l'année.
Quelle aubaine pour Félix VALVERT qui en profite pour s'essayer au saxophone ! Précisons que VALVERT avait une longue maîtrise du pipeau ce qui facilitait la chose. Il y parvient à un point tel, qu'il demande à JOUFFROY d'apporter son saxo ténor pour le 31 arguant, la présence d'un deuxième saxophoniste. Celui-ci n'étant autre que Félix VALVERT.
Au jour " J " les choses se passent si bien que VALVERT propose aux musiciens de le suivre à son domicile pour prendre ensemble le premier verre de la nouvelle année.
Après avoir dégusté la coupe solennelle ils se retrouve au rez-de-chaussée au 39 de l'avenue des Gobelins ou s'étaient installés les frères BILON éditeurs de disques et vendeurs d'instruments de musiques, et ce premier janvier ils enregistrent " HALLELUJAH ".
Félix VALVERT fait une telle démonstration de son talent sur ce nouvel instrument que son solo est homologué et signalé sur l'étiquette du disque (solo de saxophone par le virtuose guadeloupéen Félix VALVERT).
Des lors, le banjoïste guadeloupéen entame une carrière de saxophoniste qui le conduira dans toute l'europe.
L'année suivante Félix VALVERT officie au sein de l'orchestre du batteur guadeloupéen Christian JEAN-ROMAIN au " Pélican Blanc ". Les deux compatriotes se connaissent puisqu'ils jouaient ensemble au " TURQUETTY " accompagnés au piano par une Métropolitaine. L'Ascension de Félix VALVERT est fulgurante ! Il s'entoure des meilleurs musiciens cubains - Haïtiens et Antillais.
L'homme d'affaires, pianiste et chef d'orchestre JEAN REZARD DES WOUVES, demande à Félix VALVERT de réunir des musiciens pour l'inauguration de son nouveau cabaret " les Antilles " sis rue d'ODESSA à Paris, âgé de vingt cinq ans, VALVERT devient chef d'orchestre de musiciens plus âgés que lui. Début 1931, VALVERT part pour un mois en Allemagne au " Jobny's Night Club " de Berlin.
De retour à Paris, il anime le dancing " Obana Moana " à l'exposition coloniale jusqu'en septembre 1931.
Ensuite commence la valse des différents lieux ou on le retrouve : " Les Antilles " rue d'Odessa - " Le Buffalo " place d'Denfert-Rochereau - " l'Atlantide " rue Delambre - retour au " Jobny's Night Club " à Berlin - " Chez Frisco " rue Fromentin - " au Palm Beach " sur la Côte d'Azur - " au Perroquet " de Nice - il adhère à l'orchestre du pianiste cubain Oscar CALLE et ce durant deux ans, Ils enregistrent ensemble plusieurs faces chez DECCA (Angleterre). Il forme à nouveau un orchestre et continue sa ronde, " Chez ma Cousine " rue Saint-Georges à Paris, et l'été à Saint-Jean-de-Luz.
Il succède à Alexandre STELLIO à " la Boule Blanche " en septembre 1935, il y restera deux bonnes années, l'orchestre comptera : Luis PUENTES à la clarinette, saxo et flûte - German ARACO à la basse - César RIOS au piano - Christian JEAN-ROMAIN à la batterie - Pollo MALAHEL à la guitare - puis Vincent RICLER et Félix VALVERT saxo, clarinette et direction.
En septembre 1937, Félix VALVERT est engagé au dancing " la Coupole ", le " Félix Boys Orchestra " fait son entrée, composé de : Eugène DELOUCHE au saxo alto ainsi que Robert MAVOUNZY - Sylvio SIOBUD saxo ténor - VALVERT à la clarinette - Claude MARTIAL à la guitare - Firmin JOVA à la basse - Fred ALEXIS à la batterie - Pedro LUGO et Paul LUDE à la trompette.
En 1939, au mois de septembre, à l'éclatement de la seconde guerre mondiale, VALVERT se voit mobilisé et envoyé au front, démobilisé dans le Tarn et Garonne au mois de septembre 1940, il regagne Paris occupé par les Allemands, les musiciens noirs ont du mal à travailler dans Paris. Après plusieurs tentatives risquées, Félix VALVERT s'entoure des meilleurs musiciens antillais et Cubains pour s'éloigner de la capitale.
Avec lui, il y a : Albert LIRVAT - Sylvio SIOBUD - Robert MAVOUNZY - Eugène DELOUCHE - Emilio CLOTILDE - Albert BORGIANO à la contrebasse - Fred ALEXIS à la batterie - Claude MARTIAL au piano et dirigeant ceux-ci VALVERT au saxo, ils s'en vont travailler en " zone libre ".
En 1941 Félix VALVERT est à la recherche d'un bon tromboniste. Il propose à Albert LIRVAT de lui offrir l'instrument à condition qu'il apprenne très vite à le maîtriser. Le résultat ne se fait pas attendre et au bout de quelques semaines, Albert LIRVAT devient dans un premier temps deuxième trombone de France ; et l'année suivante premier trombone… quelle performance !
Fin 1942, de retour à Paris Félix VALVERT continue ses tournées dans différents lieux de réputation. Il est présent à des concerts du Hot-Club de France et à de nombreux enregistrements de jazz aux éditions " SWING ". A la fin de 1944, il retourne au cabaret " la Coupole ". Il y restera jusqu'a novembre 1946.
L'orchestre de Félix VALVERT est cosmopolite, l'on y retrouve aussi bien des musiciens tant de l'Espagne que de la Guadeloupe de la Guyane, de la Martinique d'Haïti et de Trinidad. Chef d'orchestre d'une sévérité légendaire, avant l'ouverture du rideau sur son orchestre, il passait en revue chaque musicien. Il insistait pour que leurs chemises soient bien repassées, que leurs chaussures soient bien cirées, il interdisait formellement la discussion entre deux prestations. Cela frisait l'arrogance mais était nécessaire.
Citons parmi ses fidèles collaborateurs : Albert LIRVAT (guitare et trombone) Paul CORDONNIE et René LEOPOLD (pianistes) Christian JEAN-ROMAIN (batterie) Pedro LUGO (trompette) Vincent RICLER (guitare) etc. etc.
Vers la fin des " années 40 ", un heureux événement met cette star de la musique en présence du grand amour. Lors d'un tournage de film, il rencontre une ravissante Martiniquaise d'une beauté insolente. Christiane TEROSIET fait tourner la tête à tous. Le prestigieux chef d'orchestre en tombe amoureux et de leur union naît la petite Isabelle. Dés lors, Christiane TEROSIET devient " Stella Félix ".
Ensemble, le couple enregistre plusieurs chansons. Stella chante les compositions du maestro. Elle fait un " tabac " lorsqu'elle crée " Ti Burcia et Déception ".
Les premières années 50 conduisent Félix VALVERT dans plusieurs pays d'europe. Puis, a partir de 1955, a travers les pays scandinaves, il y demeurera durant sept bonnes années. De 1962 à 1965 il se produit entre Paris et Cologne. Puis, c'est un contrat à la Martinique pour environ deux ans. Il animera les soirées du " Lido ".
Aux derniers mois de 1967 et pour se reposer, Félix VALVERT effectue un retour au pays natal. Ces longs mois de vacances à la Guadeloupe lui permettront certainement de bien réfléchir, tant et si bien que revenu à Paris ; il ne tarde pas à tout abandonner pour ne s'adonner qu'a la pêche au pays qui la vu naître. Il en sera ainsi durant une trentaine d'années.
Ce vieil homme, musicien de talent, compositeur émérite, gentleman, termine sa vie dans la misère la plus totale dans sa modeste demeure de Basse-Terre le 3 novembre 1995, à l'age de quatre vingt dix ans.
(Aude BAGOE)