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SYLVIO SIOBUD
(ALIAS "YOYO")
(Clarinette - Saxophone - Chef d'orchestre - Compositeur)

Né à Pointe-à-Pitre en 1911 d'une famille de musiciens. Son père Armand SIOBUD est considéré comme étant le père des musiciens guadeloupéens. Issu du conservatoire de musique d'Haïti, il y étudia l'accordéon, la clarinette, le violon, la guitare et surtout l'art de composer la musique.
Arrière Grand Père Armand SIOBUD De retour en Guadeloupe en 1903, il fonde avec quelques musiciens, le premier orchestre philharmonique de l'île. Cette philharmonie forme de nombreux musiciens. Armand SIOBUD en est le sous-chef, ayant laissé la place de chef à son aîné le père SIMEON. A la mort de ce dernier, en 1921, SIOBUD n'obtient pas la direction de la philharmonie comme il se devait. Il cré donc un nouvel orchestre baptisé " La Minerve " au sein de celui-ci et parmi tant d'autres, ses deux fils Sylvio et Armand. Ils étudient le solfège et l'harmonie, leurs instruments étant au départ la clarinette et le saxophone. Le bugle. Leur initiation à la musique est des plus académique, la rigueur du professeur SIOBUD est légendaire. Cela s'est avéré très profitable par la suite pour tous ses élèves.
Sylvio adhère à un petit orchestre de copains lui permettant de décompresser après le travail quotidien et éprouvant de son initiateur de père. Il tient donc la clarinette dans l'orchestre des frères MARTIAL, " Le Tommy's Jazz " dont l'aîné Tom en a la direction et est pianiste, Bruno joue de la batterie et Claude le banjo et la guitare.
Avec eux l'on trouve des copains de la famille, Gérard COLLETAS et Gaston DAVID violonistes, Tom intègre un jeune Martiniquais du nom de Maurice NOIRAN au sein de son petit orchestre. Tout comme Sylvio SIOBUD il joue de la clarinette et du saxo. Ensemble ils feront un long chemin en France. Arrière Grand Parents
Sylvio SIOBUD est un des rares musiciens ayant une solide culture musicale pour l'époque. Sa compagnie est très recherchée. Son aptitude pour le Jazz ne fait aucun doute. Il quitte la Guadeloupe avec les frères MARTIAL en novembre 1931. Un mois après ils enregistrent au studio " Parlophone ". C'est d'ailleurs le premier orchestre guadeloupéen à le faire. Quelques mois après, Tom le chef d'orchestre et pianiste de l'ensemble " Tom et ses juniors guadeloupéen " décède d'une pneumonie.
1932 engendre des changements au sein du groupe d'amis. Bruno et Claude, en hommage à leur aîné enregistrent une de ses compositions " Krakador Bon Ti Coin Capesterre La ", Claude est au piano solo et Bruno piano d'accompagnement. Ensuite, Claude monte un nouvel ensemble, " Le Kaukira Boys " composé de Bruno - Maurice NOIRAN - Gérard BATUEL et bien entendu Sylvio SIOBUD.
Ce dernier est sollicité par bon nombre d'orchestres et devient rapidement " un requin de studios d'enregistrement ". Nouvelle modification au sein du " Kaukira Boys ",
toujours sous la direction de Claude MARTIAL cette fois-ci au banjo, remplacé par René LEOPOLD au piano - Maurice NOIRAN à la clarinette - Sylva MARTIAL à la batterie et Norbert DAVID au chacha.

Sylvio SIOBUD travaille d'arrache pied jusqu'à l'arrivée de la guerre 1939 - 1945. L'activité des musiciens antillais diminue considérablement. Pour subsister Sylvio assure la formation de musiciens en solfège et en harmonie. En juin 1924, l'on retrouve Sylvio SIOBUD dans l'orchestre du Camerounais Freddy JUMBO qui officie à la Brasserie " La Cigale ", Haut lieu de la musique de Jazz à Paris. Sylvio est au saxo ténor, aux cotés de Robert MAVOUNZY au saxophone alto, du pianiste haïtien Maurice THIBAULT, du contrebassiste guyanais Henri GODISSARD et du chef d'orchestre à la batterie.
En octobre 1942, toujours à la cigale, Sylvio SIOBUD fait partie des quatre saxophonistes que présente la brasserie à sa fidèle clientèle : Eugène DELOUCHE et le Cubain Chico CRISTOBAL au saxo alto - Robert MAVOUNZY au saxo baryton et Sylvio SIOBUD lui-même au ténor (d'aucuns disent que se fut un vrai feu d'artifice !)
Un événement discographique à lieu le 18 novembre 1942 avec le premier enregistrement de l'orchestre de " La Cigale " chez polydor. La séance est placée sous la houlette du compositeur - pianiste et professeur de Jazz Charles HENRY, voilà ce qu'en disent les observateurs : "Ces exécutions nous donnent le plaisir de redécouvrir les saxophonistes Robert MAVOUNZY et Sylvio SIOBUD qui se placent dans la lignée des meilleurs américains).
Robert MAVOUNZY à l'alto possède l'aisance déconcertante, la logique sophistiquée et intuitive, l'élégance, l'invention, l'exubérance d'un saxophoniste comme Benny CARTER dans des chorus ou chaque attaque est un cri de joie.
Quant a Sylvio SIOBUD, il a retrouvé sur son ténor la générosité véhémente, l'assise inébranlable, la flexibilité chaude et moelleuse d'un Coleman HAWKINS.
Il faut rappeler qu'a la fin de l'année 1942 Sylvio SIOBUD a coopéré dans l'orchestre du trompettiste américain Harry COOPER, en janvier 1943, deux séances d'enregistrement ont lieu au sein de la " Firme Swing ", la première réunit les trois meilleurs saxophonistes guadeloupéens du moment : Robert MAVOUNZY, Sylvio SIOBUD et Félix VALVERT. L'enregistrement de " Blues 43 " permet de comparer les styles de chacun d'eux. Nous retrouvons SIOBUD, MAVOUNZY et LIRVAT dans l'enregistrement de deux faces : " Hot Club Parade " et " Saint Louis Pelouze " gravée en juillet 1943 par la formation du pianiste Léo CHAULIAC, puis en décembre 1943 Sylvio SIOBUD opère à la clarinette au sein du sixtet du guitariste gitan " Malto FERRET ". Il ne s'y trouve d'ailleurs nullement dépaysé dit-on en prenant avec une belle assurance d'énergiques solos dans " Swing Guitars ".

Vous pouvez écouter ici un extrait au format mp3 de "Swing 42" (1942) interprété par l'orchestre Fredy Jumbo de la Cigale, Robert Mavounzy (saxo-clarinette), Sylvio Siobud (saxo ténor, Albert Lirva (guitard).
Fin janvier 1944, les musiciens du "Hot Club Colonial" (association de musiciens antillais crée par Abel BEAUREGARD) se réunissent aux studios "Polydor" pour réaliser le premier enregistrement d'une moyenne formation de Jazz de huit éléments exclusivement antillais.
Celui-ci permet aux observateurs de juger du haut niveau de professionnalisme des musiciens antillais de cette époque.
Cette ambiance fait penser à des orchestres comme ceux de Count BASIE ou de Lionel HAMPTON.
Dans tous ces enregistrements allusion est faite de la sonorité galvanisante du saxo ténor de Sylvio SIOBUD.
En 1946, après la libération dans les fameuses " Jam-Sessions " organisées par Charles DELAUNAY, l'on retrouve toujours Robert MAVOUNZY et Sylvio SIOBUD.
Ce grand musicien se fit remarquer aussi à la trompette. C'est avec beaucoup de générosité qu'il mettait son savoir-faire musical au service de ses compatriotes qui désiraient progresser. Des musiciens de renon sont passés par son " école ", parmi ceux-la nous pouvons citer entre autres Gérard LAVINY - Ti Marcel LOUIS-JOSEPH et autres, leur relation était pleine de courtoisie, d'affection, d'admiration et de respect réciproque.
Le professeur appelait son élève " Maestro " et l'élève l'appelait " professeur ", leur collaboration fut de très longue durée. Ce brillant clarinettiste - saxophoniste - trompettiste fut un excellent " requin de studio ", il était quasiment présent dans tous les enregistrements d'orchestre aussi bien Antillais que Métropolitains, voire Américains.
D'une culture générale très au-dessus de la moyenne, il séduisait ceux qui l'entouraient. Il a continué ses prestations même dans un âge très avancé. En 1980 il est aperçu pour la dernière fois dans l'enregistrement de la comédie musicale de Ronnie AUL " l'Ile Heureuse " avec Eushan PALCY - Al LIRVAT - Greg GERMAIN et les autres. Depuis, il mène une vie paisible et heureuse, d'une retraite bien méritée en compagnie de son épouse, dans un petit village de Normandie.
Dans un de nos nombreux entretiens récents, voilà ce que souligne YOYO :
L'existence, un déroulement à l'issue de laquelle rien n'est devin, il faut néanmoins la faire briller…, comme mon père, je voudrais tenir bien dans la légende du monde antillais. Quoique l'on fasse, ou que l'on soit, rien ne s'efface, c'est une devise qui demeure en moi. Parler de moi est réconfortant. Mon parcours musical sera un défi aux conventions, une passion qui pour durer doit être construite contre les conformités. (à inscrire dans les mémoires de mon histoire)

Une légende nous a laissé en s'éteignant paisiblement le 27 novembre 2005 à l'âge de 94 ans entouré de sa famille il repose à Breteuil sur Iton dans EURE (27) Haute Normandie.
(Aude BAGOE)