SAMUEL CASTENDET (Alias SAM) (Clarinette - Batterie - Contrebasse - Compositeur et Chef d'Orchestre)
Né à Sainte Marie (Martinique) dans le quartier " Bezaudin " le 30 décembre 1906, d'une famille de la petite bourgeoisie de la commune. Sa maman est une sage-femme réputée à Fort-de-France. Son père Beauharnais CASTENDET est directeur d'une usine de rhum. Dés sa plus tendre enfance, Samuel est amoureux de la musique et son instrument de prédilection est la clarinette. Afin de donner libre cours à son inspiration, l'enfant se fabrique une flûte végétale.
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Il tarabuste sa maman pour lui offrir l'instrument de ses rêves. A cette époque, il n'est point question qu'un enfant dise à ses parents son désir de devenir musicien. Pourtant, pour son treizième anniversaire, sa maman consent à lui offrir une clarinette. C'est la jubilation ! Installé chez celle-ci à la Cité Clarac à Fort-de-France, il abandonne l'école pour apprendre l'ébénisterie puis la mécanique. Et, parvenant à convaincre la Sage-femme, celle-ci se décide de lui offrir un billet pour ce rendre en France.
Il promet à sa maman de le lui rembourser dés qu'il sera en mesure de le faire. Il tint parole, et pendant des années Madame CASTENDET recevra de l'argent de son fils. C'est en 1924, que Samuel CASTENDET débarque à la gare Saint Lazare à Paris.
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Sans hésiter, il cherche à travailler. Il affiche une folle envie de s'en sortir et travaille par-ci par-là.
Puis employé comme tourneur aux établissements " Morane et Saulnier " c'est avec assiduité qu'il va de son emploi à son domicile.
Logé dans une " chambre de bonne " chez la famille BOISSON, il mène une vie de jeune homme tranquille. Il avait marqué ses débuts chez les BOISSON, en jouant un peu de la clarinette, et il avait bercé sa logeuse de petites mélodies de son pays natal. Par dépit, il abandonne l'instrument dans un coin du pigeonnier. Quelques années passent…
En 1931, dans le courant du mois d'Octobre, rentrant de son travail, il trouve Madame BOISSON un peu perdue dans une sorte de rêve. Elle semble préoccupée ! L'interrogeant, elle lui confie son désarroi. Elle est employée au vestiaire du pavillon de la Guadeloupe, pour l'exposition coloniale internationale qu'anime STELLIO depuis le 06 mai. Celui-ci, afin d'ouvrir sa propre boite, " LE TAGADA-BIGUINE " rue de l'arrivée, dans le quartier de Montparnasse, a abandonné l'animation au pavillon de la Guadeloupe. Madame BOISSON confie à Sam la tristesse occasionnée par le départ du clarinettiste. A brûle pourpoint Sam CASTENDET rappelle à cette dame qu'elle se souvienne qu'il est lui aussi joueur de Clarinette. Dés lors, tout se passe très vite ! Sam reprend son instrument, le nettoie et lui fait subir une réfection des tampons. |
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Après avoir essayé quelques notes, Sam offre une sérénade à celle qui lui donne l'occasion de réaliser son rêve d'enfance. Et présenté par celle-ci au directeur de l'exposition, Monsieur FORTUNE avec qui le musicien avait voyagé sept ans auparavant. Pour l'audition, le pianiste Gaston ADELAIDE employé dans l'orchestre de STELLIO dès le début de l'exposition, demande à CASTENDET de lui donner " le LA ". Sam ne comprend pas du tout la question. Autodidacte qu'il est. Une seconde question vint augmenter son embarras : " que veux-tu jouer " ? Une biguine répond Sam soulagé ! Dans quelle tonalité ? Nouveau silence ! Le tromboniste MASSENA vole à son secours. " Fais les premières mesures et nous serons fixés " ! " C'est en mi bémol "! Première notion de solfège pour ce musicien d'instinct. Il est finalement engagé ! Pour sa première soirée, le clarinettiste en herbe joue cinq fois la même Biguine, ovationné par la foule, son employeur manifeste sa satisfaction et lui fait signer un contrat.
La soirée terminée, Monsieur FORTUNE invite CASTENDET à le suivre au " TAGADA-BIGUINE " pour prendre un verre. Sam subit sa deuxième audition et STELLIO estime que son remplaçant mérite la place. Sam CASTENDET remplit son contrat jusqu'à la fin de l'exposition, le 15 novembre. Mais, faire de la musique et travailler le jour n'est pas chose facile. Sam prend donc la décision d'abandonner son emploi de tourneur pour former son propre orchestre. Pour ce faire il cherche à réunir des musiciens confirmés. En attendant, il se fait indiquer quelques rudiments de solfège.
Il reprend contact avec un des impresarios qui l'avaient applaudit au pavillon de la Guadeloupe. Il se retrouve alors au cabaret " LA BOULE BLANCHE ". C'est dans ce lieu que démarre la brillante carrière de celui qui devint un merveilleux musicien, grand compositeur, et chef d'orchestre. A partir de " LA BOULE BLANCHE ". Sam CASTENDET et son orchestre font les beaux jours du tout Paris. Puis, ils animent quelques villes de province et ce, durant des années. Malheureusement, l'éclatement de la deuxième guerre mondiale 1939 - 1945, interrompt les activités des musiciens. D'aucuns sont faits prisonniers et envoyés au front ou dans des camp.
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Sam est mobilisé et expédié en Allemagne. C'est en compagnie de deux copains qu'il arrive à s'évader du train, et, à travers champs font quelques centaines de kilomètres avant d'arriver à Dijon où ils peuvent prendre le train pour Paris. Nous sommes en 1942. Une fois sur place, Sam reprend sa clarinette et fait le tour des lieux animés par les musiciens antillais : à la " CIGALE " que dirige le batteur camerounais, chef d'orchestre Freddy JUMBO ; au " PAVILLON D'ERMENONVILLE " et à la " VILLA D'ESTE ". |
En 1946, toujours à la " VILLA D'ESTRE ", il y rencontre le batteur Maurice BANGUIO, gérant de la " CANNE A SUCRE " qui lui propose l'animation de ce cabaret de la rue Saint BEUVE n° 4 dans le quartier de Montparnasse que venait de quitter Ernest LEARDEE. Sam et son orchestre trouvèrent la bonne formule pour donner à cet endroit ses lettres de noblesses. Ils y accueillirent le duo " MARTINELES Y ALBERTO ". Dès lors, " LA CANNE A SUCRE " devient le point de rencontre de la " HIGHT SOCIETY " les personnalités du monde entier s'y retrouvaient. L'ambiance euphorique, les attractions, le ballet de la grande Nelly LUNGLA, le déhanchement des danseurs contribuaient à l'immense succès.
En 1951 , Sam CASTENDET est sollicité pour animer le tour de France cycliste. Il se fait remplacer à la rue Sainte BEUVE. Dès le départ de la course, les radios n'arrêtent pas la publicité dont le slogan est le suivant : " le tour de France est animé par Sam CASTENDET et son orchestre de la " CANNE A SUCRE ". Le succès fut inévitable ! A son retour en ce lieu désormais célèbre, devenu peu spacieux, Sam y restera encore une année, avant de se joindre aux meilleurs jazzmen du moment officiant dans l'orchestre de la " CIGALE ", composé de : Albert LIRVAT au trombone - Claude MARTIAL au piano - Robert MAVOUNZY tous saxes - Robert ROCH à la contrebasse - le trompettiste français Bernard HULIN et CASTENDET à la batterie. Ensuite, toujours à " LA CIGALE ", il joue sous la baguette du chef d'orchestre et trompettiste américain Jack BUTLER et le saxophoniste Antoine DUTEIL.
Tout en continuant ses activités, Sam décide de parfaire sa culture musicale en étudiant sérieusement le solfège et l'harmonie.
En 1952, après avoir évolué entre la " CANNE A SUCRE " " LA BOULE BLANCHE " " L'ELAN NOIR " et " LA VILLA D'ESTRE ", Sam signe un contrat pour animer durant quatre années quelques villes du Sud Ouest dont deux années pour la " PLANTATION " à Toulouse. Avec lui, le trompettiste martiniquais Maurice LONGRAIS - le guitariste guyanais Roland PATERNE et ensuite le Maestro Marcel YAMBA Alias MAYAMBA entre autres.
En 1956, sollicité par sa maison d'édition pour une grande tournée en Afrique, Sam et son orchestre vont de succès en succès. La vente de son 45 tours " MARTINIQUE 48 " bat tous les records. Son meilleur souvenir de cette Afrique qui l'affectionne et l'apprécie, est l'ovation que lui ont réservée les cinquante mille admirateurs au stade de DOUALA. De retour à Paris, le clarinettiste est fatigué et a beaucoup maigri. L'examen médical lui trouve une insuffisance respiratoire. Sam pense à se reposer.
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Il en profite pour se recycler. Il apprend à jouer de la contrebasse. Pour son instrument favori, c'est Maurice NOIRAN qui le remplacera. Quand bien même ce handicap, il jouera quelques biguines de son répertoire pour satisfaire sa clientèle. Après avoir parcouru l'Afrique, l'Europe et la France, Sam est attendu pour animer le carnaval de 1960, à la Martinique. Son orchestre se compose de : Barel COPPET (Saxo Clarinette) - Henry RENAULT Alias " TI POISSON " à la Trompette et Noël TALQUONE à la batterie. En prévision de la venue de ceux-ci, FRANCISCO qui avait " le vent en poupe ", s'est empressé d'aménager une chanson dénigrant cette intrusion. Mal lui en prit ! La réponse ne se fit pas attendre ! Barel COPPET ayant eu vent de la chose, composa la nuit une biguine qui fit le succès de ce carnaval, au grand désespoir de FRANCISCO Alias " TI COCO " qui déplorait l'événement. Jamais publicité n'atteignit un aussi grand succès. Cela avait contribué à ce que CASTENDET revienne l'année suivante.
Et puis, les années s'étalent et le grand musicien continue toujours ses activités musicales. Nanti de l'exclusivité des disques " COLUMBIA " et " PATHE MARCONI ", il ouvre une maison du nom de " LA BOITE A MUSIQUE ". Quant à son cabaret à la rue Molière, il l'anime avec passion. Mais la fatigue se faisant ressentir, il ne tarde pas à tout vendre. Il arrête tout pour ménager sa santé. Au fil du temps, il en profite pour revoir toutes ses relations de la bourgeoisie du monde de la nuit. Et petit à petit, il exerce par-ci par-là. A l'âge de soixante douze ans, il prend sa retraite. Il revient souvent à la Martinique pour de petits séjours. C'est au cours de l'un de ceux-ci que Bernard BOLOSIER lui donne la présidence d'honneur du sixième festival de la Clarinette dédié à Monsieur Léon APANON les 29 et 30 novembre 1986.
En 1991, Radio Caraïbe Internationale lui consacre une émission et lui décerne un diplôme d'honneur. Sam CASTENDET avait troqué son virus de la musique contre celui du bateau qui faisait les joies de sa retraite à la rochelle.
A la fin de 1992, il vint passer les fêtes de fin d'années dans son pays natal, il y décède le 18 janvier 1993.
Signalons aussi que Sam CASTENDET fit partie des tous premiers JAZZ-MEN antillais de Paris de 1929 à 1946 tels : Robert MAVOUNZY - Albert LIRVAT - Sylvio SIOBUD - Claude MARTIAL - Félix VALVERT - Eugène DELOUCHE - Pierre LOUIS - Abel BEAUREGARD - Louis Thomas ACHILLE - Marcel YAMBA et Florius NOTTE qui fût le premier à avoir fait du jazz avant 1929.
Outre l'immense succès remporté pour sa composition " NEG NI MOVE MANNIE " biguine qui jetait le discrédit sur la diaspora et la Martinique entière, vous trouverez ici la liste de ses meilleurs enregistrements.
DF 3361 |
Pendant moin dans l'armée |
DF 3360
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Lévé yo… Lévé yo ka Cencen |
DF 3359
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Manman ou tèbè Et alors |
DF 3358
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Crapaud Touloulou |
DF 3357
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La rue zabimes Cé nou memm.. nou memm |
DF 3356
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Martinique 48 Angélina |
DF 3379
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Ravète môdé Pa ni ti Moun' Zoiseau marins |
(Aude BAGOE)
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